Émilie
Directrice de site de production

Émilie a toujours conservé le goût et la passion des projets réels et partagés. Aujourd’hui, elle dirige un site de production où travaillent 97% d’hommes. Pour elle, cela n’est pas un obstacle mais ça lui donne envie de motiver plus de talents féminins à venir s’épanouir dans l’industrie.

“Je voulais être dans le faire, dans le réel.”
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Émilie
Directrice de site de production
“Je voulais être dans le faire, dans le réel.”

Émilie a toujours conservé le goût et la passion des projets réels et partagés. Aujourd’hui, elle dirige un site de production où travaillent 97% d’hommes. Pour elle, cela n’est pas un obstacle mais ça lui donne envie de motiver plus de talents féminins à venir s’épanouir dans l’industrie.

Qui est Émilie ?

• Depuis l’enfance, Émilie a le bricolage dans le sang.

• De l’industrie, elle aime le caractère concret.

• Elle a exploré de nombreux métiers avant de prendre la direction d’un site de 50 personnes.

• Elle a toujours “un petit kif” pour l’ambiance des ateliers.

• Son état d’esprit? “Il faut faire, il faut agir parce que c’est comme ça que tu enlèves ta peur.”

On ne peut pas dire que vous êtes née dans un milieu industriel ?

Non, je suis fille d’enseignants. Mon papa est professeur de français et ma maman professeur d’anglais. Je n'ai donc pas “trempé” dans les métiers de la technique mais j’ai toujours aimé bricoler. L’été, avec mes parents, nous partions en vacances en Haute-Savoie pour construire un chalet en bois sur le terrain de mon grand-père. On faisait tout nous-mêmes : les fondations, les poutres, l’électricité… 

Quel a été le premier déclic ?

Ma grande sœur avait fait une seconde technologique et ça ne lui avait pas trop plu. En arrivant en Haute-Savoie, je me suis dit : “Si ça ne lui a pas trop plu, peut-être que ça peut me plaire” parce que nous sommes assez différentes. Je suis donc partie en internat dans un lycée technologique pour obtenir un Bac SI. Là-bas, j’ai notamment appris les métiers de l'électricité et de la mécanique. Ensuite, j'ai préféré faire un DUT de mécanique car j’avais envie d’entrer vite dans la vie active. Finalement, après mon DUT, j’ai poursuivi mes études dans une école d’ingénieur.

Sans jamais perdre le goût du concret.

Oui, j’ai très vite compris que je voulais être dans le “faire”, dans le réel. Pas dans les schémas trop éloignés de la réalité. J’ai d’ailleurs arrêté une thèse de doctorat pour revenir à l’atelier. J’aime cette ambiance, on y travaille l’acier et c'est là que tout se façonne.

Vous ne vous êtes jamais cantonnée à un seul métier ?

Non, j’ai travaillé dans le domaine des méthodes et les achats. J’ai également eu des postes à responsabilités dans la qualité, l’industrialisation mais aussi dans la maintenance de 43 machines.

Après avoir travaillé dans différentes sociétés, vous songez à reprendre une entreprise.

Oui, j’avais envie de reprendre une petite entreprise de mécanique, parce que l’odeur de l’atelier, c’est le petit kiff qui va bien (rires). Après plusieurs projets qui n’ont pas pu aboutir, je décide de me former à la reprise d’activité. L’avocate qui m’avait accompagnée sur un des projets de reprise m’indique qu’un de ses clients cherche à recruter un directeur de site de 50 personnes.

Qu’est-ce qui vous décide ?

Un jour on m’a demandé : “Si tu n'avais pas peur, qu'est-ce que tu ferais ?” Cette question pousse à réfléchir aux décisions à prendre et aux actions à mener. C’est devenu un mantra pour moi parce qu'on se donne beaucoup de limites. Je crois que les hommes ne se posent pas tant de questions. Je crois que ça vient aussi de notre manière d'être éduquée. La notion de prise de risques n'est pas du tout la même entre les femmes et les hommes. J’arrive à l’entretien gonflée à bloc et le deal se fait : je deviens la première femme directrice de ce site créé en 1936…

"J’aime cette ambiance, on y travaille l’acier et c'est là que tout se façonne."

"Un jour on m’a demandé : 'Si tu n'avais pas peur, qu'est-ce que tu ferais ?' "

Dans une entreprise plutôt masculine.

Oui, à 97% (sourire) mais je ne me suis jamais posé la question de savoir comment ils allaient prendre le fait que je sois une femme. J’ai amené une nouvelle forme de management où l’échec n’est pas interdit et l’écoute un élément central. Il ne faut pas craindre d’échouer, c’est une manière de grandir. La gestion du changement, c’est quelque chose qui me plaît vraiment.

Le management féminin ressemble à quoi ?

Je crois que c'est une qualité assez féminine que de se dire “Comment je vais contourner les difficultés ?” et faire en sorte que les choses avancent. J’aime que tout soit parfait mais vouloir ça, c'est un peu usant, mine de rien. Parfois, je me dis “mieux vaut fait que parfait”. Il faut aussi enlever ses peurs. Pour ma part je sais que si j'agis, j'ai moins peur. Et du coup, les décisions que je prends sont assumées et apportent le changement.

C’est ce que vous portez comme message auprès des jeunes ?

Oui, donner envie de kiffer l’industrie, c'est quelque chose qui m'intéresse. Il est rare de voir des femmes dans l'industrie, encore moins à un poste de direction. Nous y manquons globalement de modèles féminins. Il faut que ça change.

Vous sentez qu’il y a encore des plafonds de verre à faire sauter ?

Oui, il subsiste parfois en nous une notion de syndrome de l’imposteur mais je dis aux filles, : “Faites-vous confiance. Ça se construit la confiance en soi. Plus c’est tôt, mieux c’est.”

"Il ne faut pas craindre d’échouer, c’est une manière de grandir."