Victorine
Électricienne navale

Victorine a trouvé sa voie là où personne ne l’attendait : dans les câbles, les plans et la minutie de l’électricité navale. Seule fille en formation et plus jeune salariée de son atelier, elle a appris à s’imposer sans hausser le ton. Elle se réjouit de voir arriver de jeunes générations de garçons respectueux.

“Personne ne me fera douter de moi.”
Fermer
Fermer le portrait
Victorine
Électricienne navale
“Personne ne me fera douter de moi.”

Victorine a trouvé sa voie là où personne ne l’attendait : dans les câbles, les plans et la minutie de l’électricité navale. Seule fille en formation et plus jeune salariée de son atelier, elle a appris à s’imposer sans hausser le ton. Elle se réjouit de voir arriver de jeunes générations de garçons respectueux.

Qui est 
Victorine
 ?

• Elle a vite quitté ses études dans la mode pour s’orienter vers les câbles électriques

• Elle était la seule fille dans sa classe pendant cinq ans

Son point fort : elle a surmonté les découragements et encourage les autres

Son entreprise ? Efinor Allais, spécialiste du naval

Son état d’esprit ? “Lorsqu’onvoit ton savoir-faire, tu fais taire les critiques.”

En quoi consiste votre métier d’électricienne à bord ?

C’est simple. Je fais toute l’électricité d’un bateau : du tirage de câble au raccordement des équipements, jusqu’au câblage des armoires. Je suis aussi responsable de la préfabrication électrique des bateaux et de la réception du matériel. C’est technique, c’est concret et c’est très varié.

Comment en êtes-vous arrivée là ?

C’est une histoire un peu tortueuse ! On m’avait envoyée en seconde mode, alors que ça ne me correspondait pas du tout. Ensuite, j’ai fait une seconde générale avant d’intégrer une classe MLDS, un dispositif scolaire pour éviter le décrochage scolaire. L’enseignement permettait de faire des stages autant qu’on voulait, où on voulait et pour la durée qu’on voulait. Ma mère m’a soufflé l’idée d’essayer l’électricité. Je ne voyais pas trop ce que ça pouvait m’apporter… et finalement j’ai adoré. J’ai fait plusieurs stages, puis une alternance. Et ça fait six ans que je suis là.

Vous étiez jeune et vous arriviez dans un univers très masculin.

… et pas toujours très jeune non plus (rire). J’ai pu subir des remarques sexistes et des propos déplacés. Mais avec le temps, les gens ont vu que je savais bosser. Et c’est aussi une façon de les faire taire.

Et dans votre formation ?

J’étais la seule fille pendant mes cinq années d’études. Au début, c’était dur. Je n’osais pas. Ensuite, j’ai grandi, j’ai appris et les garçons ont compris. Je sais que je suis douée pour mon métier. Parfois, je doute de moi, mais personne ne me fera douter de moi.

Face aux remarques et à la défiance, qu’est-ce qui vous a donné confiance ?

Un formateur. Je voulais tout arrêter, je lui ai écrit un mail. Il m’a appelée, il m’a écoutée. Il m’a dit : “Tu es capable. Ce n’est pas à cause de quelques garçons que tu vas arrêter ton BTS.” Il m’a poussée du début à la fin. Sans lui, je n’en serais probablement pas là aujourd’hui.

Que diriez-vous à une fille qui hésite à se lancer dans l’industrie ?

Si elle a des réticences, je lui dirai de les dépasser. Je lui dirai surtout que l’industrie, ça vaut le coup. Je lui parlerai de mon expérience. Aujourd’hui, je me sens forte, j’aime ce que je fais et je ne regrette pas mes choix. Je lui dirai aussi que les remarques déplacées sont dépassées.

"Ma mère m’a soufflé l’idée d’essayer l’électricité."

"Je lui dirai surtout que l’industrie, ça vaut le coup."

Pourquoi ?

Parce que la jeune génération de garçons est bien plus respectueuse que celle d’avant. Les esprits qui ne comprennent pas la place à accorder aux femmes sont devenus rares et ringards. Mille fois, je préfère travailler avec des jeunes de mon âge. C’est beaucoup plus agréable.

Et le rythme de travail ?

C’est un vrai atout de l’industrie. Si je prends mon cas: je finis tous les jours à 16h15 et je ne travaille que quatre jours par semaine. Le vendredi, le samedi et le dimanche sont des journées libres. Résultat : j’ai du temps pour ma famille, mes amis, la lecture, les loisirs, les balades. Franchement, je suis bien.

‍Donc, vous allez rester encore longtemps ?

Je ne sais pas mais je sais que je veux voir autre chose. Certes, je suis en CDI depuis septembre mais ça fait déjà six ans que je suis dans le groupe. Je sais que je ne serai pas électricienne toute ma vie mais j’adore l’univers naval. Je resterai dans ce secteur. Il y a toujours des choses à apprendre. Et on a la chance de faire des essais en mer, c’est incroyable. Oui, je me plais vraiment dans cet univers.